3 choses basiques mais utiles à savoir si vous faites du yoga.
Dans ma liste des clichés connus sur le yoga, j’ai eu le « il faut être souple pour faire du yoga », « le yoga c’est un truc de hippies », « le yoga c’est cool pour avoir le ventre plat », « le yoga c’est réservé aux femmes ».
Je ne viendrai pas complètement répondre à ces clichés aujourd’hui malheureusement parce que je pense que les points évoqués dans cet article y répondront au moins en partie. Je vais en revanche éclaircir 3 points en lien avec certains préjugés sur le corps (que j’ai également eu) qui me semblent importants à déconstruire dans la pratique du yoga.
Le yoga est un sport
« bah oui » certains me diront mais j’ai beaucoup entendu dire que le yoga moderne n’était pas vraiment un sport. Mais de quel yoga on parle-t-on ?
A l’origine le yoga est inscrit dans une dimension historique religieuse. A travers les différents mouvements philosophiques qui ont donné naissance au yoga d’aujourd’hui, on retrouve à la toute base le yoga comme une pratique de méditation seulement (je vulgarise) qui permettrait de purifier le corps et d’atteindre la libération divine. Le fait est que oui…à sa naissance, le yoga n’est donc pas une pratique posturale.
Plus tard (j’ai sauté pas mal de siècles), avec la colonisation occidentale de l’Inde, le yoga prendra une dimension davantage centrée sur le corps. Parce qu’en occident, dans les années 30, la sacralisation du corps et de son esthétisme commencent déjà à pointer le bout de son nez.
C’est ainsi qu’un yoga plus axé sur les postures va se développer, transformant ainsi notre yoga bien traditionnel religieux pour cultiver les divinités en une pratique que l’on retrouve aujourd’hui enseignée dans les salles de fitness (coucou le summer body).
Alors le yoga est bien considéré comme un sport aujourd’hui. Que ceux qui n’ont pas testé le bikram osent venir chanter que le yoga n’est pas un sport. On distingue juste les pratiques douces, qui sont en effet plus axé sur la réparation du corps et la méditation (Yin, Nidra) des pratiques plus dynamiques quant à elles centrées sur son renforcement (Vinyasa, Bikram, Ashtanga etc.)
« Il n’y a pas de niveaux en yoga, il n’y a que des corps » m’a appris une de mes professeures.
Vous allez forcément lire sur certains plannings de cours en studio les mentions : tous niveaux/intermédiaire/avancé qui sont en fait des niveaux de connaissance du yoga et de mobilité du corps plutôt que des niveaux de performance.
Mais quelle est au juste la définition d’une personne « avancée » en yoga, celle qui arrive à enchaîner un pincha scorpion puis un chin stand les pieds sur la tête ?
Est-ce qu’on peut réellement définir la qualité d’un(e) professeur de yoga ou d’un(e) pratiquant(e) au nombre de postures avancées qu’il/elle sait faire ?
Le yoga est un sport mais il est important de préserver le yoga de tous les diktats de performance esthétique que l’on sacralise dans la société actuelle, la société du « beau » au dépend de la bienveillance envers son corps.
Le yoga, c’est apprendre à pratiquer dans une dimension holistique et lier le corps avec le mental. Votre mental est votre bouée et il viendra d’ailleurs influencer de manière importante votre pratique. Qui ne s’est pas blessé dans un moment morose de sa vie ou n’a pas réussi à atteindre la mobilité espérée pendant une séance après avoir appris une mauvaise nouvelle ?
Votre corps, tout comme votre mental a ses limites et il est primordial de ne pas trop les pousser au-delà. Le yoga est justement là pour amener progressivement le corps vers vos objectifs grâce à une pratique physique régulière et à l’aide d’un mental patient et confiant.
Votre performance réelle est là : celle que vous atteignez en poussant sainement votre corps sur une durée raisonnable et en l’activant régulièrement.
Tous les corps sont différents
Chaque corps est différent anatomiquement et détient une mémoire suite aux différents traumatismes qu’il a subi. Chaque posture est atteignable selon les capacités actuelles d’un corps, que ce soit anatomique (bras trop longs ou trop courts par exemple) ou dans une limite traumatique (mobilité réduite et douleur suite à une entorse par exemple).
Chaque corps pourra ainsi fixer ses limites à travers le seuil de douleur et d’inconfort ressenti. Il faut bien comprendre que la pratique du yoga n’est jamais censée être hautement douloureuse et qu’une posture n’est pas atteignable que d’une seule façon. Les modifications de posture avec l’assistance de blocs, de couvertures, de sangles sont des moyens d’atteindre les postures sans douleurs et d’aider plus sainement le corps à progresser.
J’utilise régulièrement des blocs sous mes hanches par exemple lors de la posture du pigeon, j’ai besoin d’un petit coussin sous mon genou quand je le presse au sol, j’utilise une sangle pour étirer l’arrière de ma jambe droite qui est beaucoup moins souple que la gauche.
Beaucoup de personnes voient l’utilisation d’équipements comme un échec corporel et pensent que la nécessité d’un bloc est due à un très faible niveau de souplesse alors qu’en réalité, cela vient juste de la constitution de leur squelette. C’est donc en respectant les limites du corps qu’on le fait progresser et c’est en allant beaucoup trop au-delà que vous risquez de l’abîmer et de lui laisser un handicap permanent.
Ce sont donc ces 3 points primordiaux que j’ai décidé d’approfondir sur la pratique du yoga, puisqu’ils sont là pour vous encourager à pratiquer même si vous pensez ne pas avoir le corps adapté à la pratique du yoga (ce sont des croyances, à moins d’avoir une blessure ou un handicap plus grave qui vous empêche à l’heure actuelle toute pratique sportive évidemment).
Quand aux clichés suivant, juste pour rigoler un petit peu :
“Le yoga c’est cool pour avoir le ventre plat” : non ce qui est cool pour avoir le ventre plat c’est de bien manger dans un premier temps.
“Le yoga c’est un truc de hippies” : Le new age et John Lennon c’est terminé, merci.
“Le yoga est une pratique réservée aux femmes” » : Oui parce que les hommes n’ont pas la nécessité d’activer la mobilité de leur corps ni besoin de relaxation, ils sont nés… parfaits. 😉
Photo de l’article : @Lorie Ducla